Quand le transport routier de marchandises se met au vert!
En France, en 2017, le transport routier de marchandises représentait 88,5% du transport de fret terrestre. Avec l’évolution de la demande et la croissance du e-commerce, le trafic des camions devrait doubler au cours des 30 prochaines années. Dans le but de décarboner le transport routier de marchandises et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, plusieurs initiatives ont récemment vu le jour montrant la prise de conscience et l’engagement de nombreux chargeurs et transporteurs.
L’engouement pour les biocarburants
L’utilisation des biocarburants est un bon moyen de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le bio Carburant Oléo100 par exemple, développé par le groupe Avril est un biocarburant 100% colza français. Il séduit de plus en plus de transporteurs car il permet une réduction de 60 % des émissions de CO2 et jusqu’à 80% des émissions de particules fines. De plus, c'est un produit qui soutient l’économie locale grâce à un colza d’origine française.
En Juin dernier, c’est France Benne qui devient le premier groupement de transport routier à s’engager avec Oléo 100 permettant à la marque française de fêter son 100ème client engagé avec son carburant alternatif.
Aux Pays Bas récemment, c’est le groupe de fast food Mc Donalds qui annonçait faire livrer l’ensemble de ses restaurants hollandais grâce à un biocarburant produit à partir de leur huile de friture recyclée.Voir notre article.
Les chargeurs sont très souvent moteurs sur le développement des énergies alternatives auprès de leurs partenaires transporteurs. En début d’année, par exemple, le groupe Lidl et le transporteur Jacky Perrenot avaient signé une charte sur la transition énergétique visant à faire évoluer 20% du parc de camions mis à disposition du hard discounter vers les énergies alternatives.
Les prémices du camion à hydrogène
Dans les initiatives permettant de réduire la dépendance du transport routier de marchandises aux énergies fossiles, il y a depuis quelques années les projets de camions à hydrogène. Ces camions électriques puisent leur énergie dans une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène. De nombreux constructeurs commercialisent déjà leurs camions à hydrogène et de nouveaux projets sont en cours.
En Juin dernier, c’est la start-up Quantron affiliée au groupe allemand Haller, concessionnaire Iveco qui annonçait le lancement de la fabrication en série d’un camion à hydrogène de 44 tonnes pour la mi-2022: l’Energon.
Le développement de ces camions à hydrogène implique bien évidemment le développement des infrastructures nécessaires pour les alimenter. Début Juillet, Air Liquide annonçait l’ouverture début 2022 de la première station à hydrogène pour poids lourds d’Europe à Fos-sur-Mer. Cette station permettra de fournir de l'hydrogène à 20 camions par jour.
L’apparition des premières routes électrifiées pour les camions en Europe
La première route électrifiée au monde pour camions a été inaugurée le 22 Juin 2016 en Suède. Il concernait un tronçon de 2 kms de long exploitant une route existante près de la ville de Gävle. La voie de droite utilisée surtout par les poids lourds est équipée de caténaires comme les trains. Cela n’empêche cependant pas les voitures de l’utiliser.
Ce dispositif innovant nécessite l’installation de pantographes sur les camions à l’instar d’un train. Les camions doivent également être équipés de moteurs électriques ou hybrides. C’est le constructeur de camions Scania qui est à l’initiative du projet en partenariat avec le groupe Siemens pour la partie transfert de l’électricité.
Les économies de carburant réalisées grâce à l’électrification sont considérables. Siemens précise en effet qu’un camion utilisant une route électrique sur 100 000km permettrait une économie d’1T de carburant et ainsi une économie de 20 000€. A cela s’ajoute la réduction des nuisances comme la pollution et bruit. Le seul point négatif est le coût d’installation de ce dispositif sur les routes.
Il y a 1 an, c'est l'Allemagne qui déployait un projet de e-highway avec 10 kms d’autoroutes électrifiées sur ce modèle.
Plus récemment en avril 2018, la Suède renouvelle son expérimentation de route électrifiée mais cette fois-ci à l'aide d'un nouveau système de route dotée d'un rail à conduction qui recharge le véhicule pendant qu'il roule. Ce projet de 2kms baptisé eRoad Arlanda se situe sur une voie du réseau secondaire entre l'aéroport Arlanda de Stockholm et un centre logistique. Le véhicule est relié au rail positionné au milieu de la route grâce à un bras amovible situé sous le chassis. Le bras se relève automatiquement en cas de dépassement ou de changement de route. Les batteries des vehicules hybrides ou électriques sont ainsi rechargées en roulant.
La Suède est un pays moteur dans le transport routier de marchandises écologique. Il s’est en effet donné pour objectif de disposer d’une flotte de véhicules économes en énergie, sans utilisation d’énergie fossile d’ici 2030.
L’expérimentation des projets de véhicules semi-autonomes aux USA
L’Etat américain vient d’accorder une subvention de 4,4M de dollars pour un projet de corridor à destination des camions semi-autonomes le long de l’Interstate I-70 dans l’Ohio. Ce corridor long de 280 kms reliera l’aéroport de Colombus dans l’Ohio, le 2eme plus gros hub aérien Fedex et l’aéroport d’Indianapolis dans l’Indiana.
Cette expérimentation concerne les camions autonomes de niveau 4 à savoir une autonomie limitée au trajet sur autoroute avec un superviseur derrière le volant. Ce corridor permettra également de tester les convois en peloton ou platooning. Ce procédé de circulation avec une distance réduite entre les camions permettrait de profiter de l’effet de traîne et d’améliorer l’efficacité du corridor.
Le département d’Etat des Transports américain subventionne de nombreux projets pour améliorer l’efficacité du fret et de la conduite pour le transport routier de marchandises.